Le Sanctuaire de Paray-le-Monial organise :
Colloque des 350 ans des apparitions de Jésus à Paray-le-Monial
« Réparer l’irréparable »
Villa Aurelia
Via Leone XIII, 459 Du 1er au 5 mai 2024
Rome – Italie
Le 27 décembre 1673, Jésus apparaît à sainte Marguerite-Marie et lui découvre « les
merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son sacré Cœur, qu’il [lui] avait
toujours tenus cachés, jusqu’alors qu’il [le lui] ouvrit pour la première fois1 ». S’ensuivront
d’autres révélations qui façonneront la vie de la sainte, l’instituant « disciple bien-aimée2 »
du Sacré-Cœur, dans la suite du disciple bien-aimé de l’évangile de Jean, et la constituant
missionnaire de ces révélations. La demande principale de Jésus sera l’institution de la fête
du Sacré-Cœur, qui deviendra une solennité universelle de l’Église catholique en 1856. Les
événements de Paray-le-Monial auront un retentissement mondial et durable. On peut, sans
exagération, estimer que la dévotion au Sacré-Cœur, présente sur toute la surface de la
terre, est née là.
Le sanctuaire de Paray-le-Monial entrera, le 27 décembre 2023, dans la célébration du jubilé
des 350 ans des apparitions. Cet anniversaire durera 1½ ans, jusqu’à la fête du Sacré-Cœur
de 2025. À cette occasion, le sanctuaire désire honorer sa mission de diffusion du message
du Sacré-Cœur en organisant à nouveau un colloque international. Celui-ci prendra place à
Rome du 1er au 5 mai 2024 et aura pour thème la réparation, sous le titre : « Réparer
l’irréparable ».
En effet, bien que cet aspect soit moins connu, on peut estimer que les événements de
Paray-le-Monial font référence quant à la spiritualité de la réparation3. La demande
d’institution de la fête du Sacré-Cœur par Jésus, au cours de la « grande apparition4 » de juin
1675, est une demande de réparation.
Le terme, absent du Nouveau Testament, apparaît assez tard5 dans l’histoire de l’Église,
s’inscrivant dans le mouvement de conversion et de pénitence qu’induit la réponse positive
à l’appel du Christ à le suivre. A la suite des événements de Paray-le-Monial, la réparation
1 Sainte Marguerite-Marie, Sa vie par elle-même, § 53. 2 Sainte Marguerite-Marie, Sa vie par elle-même, § 54. 3 Glotin E., « Réparation », Dictionnaire de Spiritualité, col. 374. 4 Sainte Marguerite-Marie, Sa vie par elle-même, § 92. 5 Il apparaîtrait au XVème siècle, d’abord dans le droit, avant d’intégrer la spiritualité. Cf. Glotin E.,
« Réparation », Dictionnaire de Spiritualité, col. 370.
prendra une place de choix6 dans la spiritualité de l’Église, jusqu’au grand tournant
anthropologique des années 1970, où elle périclite très rapidement.
Pourquoi s’y intéresser à nouveau ou la remettre au goût du jour ?
La demande de réparation est centrale à Paray-le-Monial. Il n’est pas possible de l’occulter
sans amputer le « message » d’une part essentielle. Il revient donc au sanctuaire de
retrouver des chemins d’accès à cette demande du Christ et à en proposer une nouvelle
actualité.
Par ailleurs, la question de la réparation retrouve une actualité sensible dans les sphères
culturelle et sociale7. Cette résurgence fait signe vers un besoin anthropologique fort, auquel
le Christ a répondu absolument par son incarnation et son mystère pascal. Dix-sept siècles
plus tard, à Paray-le-Monial, il mettra en reliefs de manière déterminante certains aspects
du Salut, relatifs à la réparation.
Il nous importe de pouvoir répondre à cette question : l’apport majeur des événements de
Paray-le-Monial, il y a 350 ans, a-t-il encore une pertinence aujourd’hui, où la soif de
réparation semble se réveiller ?
Nous voulons enfin situer cette question dans l’actualité douloureuse de l’Église, à savoir « la
crise des abus ». L’extension endémique et systémique des abus crie réparation8
. Nous
pensons que les paroles de Jésus à sainte Marguerite-Marie, ainsi que leur héritage dans
l’histoire, peuvent apporter une lumière précieuse.
La problématique finale de notre colloque sera donc la suivante : comment la demande de
Jésus de réparer les indignités faites à son Cœur, et particulièrement par des consacrés,
peut-elle ouvrir des chemins pour la nécessaire réparation due aux victimes d’abus dans
l’Église, et particulièrement par des consacrés ?
D’emblée s’impose à nous cette évidence : les offenses faites à Dieu sont irréparables. Les
offenses faites aux victimes d’abus sont irréparables. Pourtant le Christ demande réparation.
Lui-même, lui seul, ouvre et offre un chemin de réparation.
Peut-on dès lors comparer les « indignités » que Jésus explicite en « ingratitudes »,
« irrévérences », « sacrilèges », « froideurs » et « mépris » avec les crimes commis sur les
victimes d’abus ? Peut-on passer de Jésus-victime aux victimes elles-mêmes ? Comment
échapper à une spiritualisation trop rapide, négatrice de la justice, pour peut-être découvrir
une réparation qui assume la justice et l’excède aussi, répondant à la soif profonde du
cœur ? Comment dépasser la suspicion d’une perversion morbide de la réparation pour y
retrouver l’expression d’une plus grande liberté ? Cela a-t-il un sens de parler d’amour, de
6 Cf. Hartman P., Le sens plénier de la réparation du péché, Louvain, 1955, p. 20. 7 Juste à titre d’exemples on peut citer, parmi tant d’autres œuvres, les livres de M. de Kerangal, « Réparer les
vivants », 2014, vendu à plus de 400 000 exemplaires et adapté à l’écran ; de A. Garapon, « Peut-on réparer
l’histoire ? », 2008, vendus à environ 100 000 exemplaires ; du prix Nobel de la Paix 2018, D. Mukwebe,
« Réparer les femmes », 2019 ; ou encore le film de J. Herry, « Je n’oublierai jamais vos visages », 2023, sur la
justice réparatrice…
8 En France, à la suite de la commission Sauvé s’est mise en place l’Instance Nationale Indépendante de
Reconnaissance et de Réparation (c’est nous qui soulignons).
réparation d’amour, là où la dignité de l’homme a été si violemment bafouée, si loin de ce
que peut être l’amour ? La réparation spirituelle, peut-elle permettre de prononcer un nom
sur l’innommable ? L’écoute des victimes offre-t-elle une nouvelle oreille à la plainte du
Christ ? Cette écoute, comment réforme-t-elle l’Église ?
Le premier moment de notre colloque s’attachera à dessiner une définition de la réparation
à partir de ce qu’en dit sainte Marguerite-Marie et de ce qu’elle en vit tout au long de son
existence ; à partir aussi de l’enracinement johannique des événements de Paray-le-Monial,
du contexte dans lequel ils ont pris place, et de leur résonance dans l’histoire de l’Église.
Le deuxième moment sera théologique, afin de situer le besoin de réparation dans l’œuvre
du Christ. Le Christ a assumé ce besoin en opérant la Rédemption. Il a tout fait pour le salut
de l’homme mais n’a pas voulu le sauver sans lui, ouvrant une place dans l’acte inclusif qu’il
a posé, à l’humanité, appelée à prendre part par lui, avec lui et en lui, à l’acte du Salut.
Par ailleurs ce besoin s’exprime de bien des manières dans les mœurs de l’homme, révélant
des ressorts anthropologiques profonds, qui relèvent de la soif de justice, mais semblent
aussi l’excéder, pour toucher au plus profond de la dignité de la personne et de la
communauté humaine.
Cela nous conduira alors à explorer les attitudes fondamentales de la réparation que sont la
consolation, la compassion et la redamatio (rendre amour pour amour), pour mieux toucher
du doigt comment la réparation ne vise pas seulement un rétablissement de la charité, mais
un approfondissement de ce qu’est la charité.
Dans le moment suivant, notre parcours s’intéressera à un des paradoxes de la réparation : il
n’est pas possible de faire que ce qui a été ne soit pas, mais il est pourtant possible de
réparer. Le Corps, qui a été traumatisé par la violence de certains de ses membres, parfois
nombreux, peut se réparer, car ce qui fait son unité est plus fort que ce qui le déchire. Par
ailleurs, des exemples illustreront comment des frères et des sœurs, aujourd’hui, réparent,
par leurs cœurs et leurs mains, le Cœur et le corps blessés de Jésus.
Enfin, la dernière partie du colloque mettra en regard le Christ et les victimes, l’Église et les
victimes. Écouter les demandes du Christ aide à mieux comprendre jusqu’où va le besoin de
réparation des victimes. Mais aussi, réciproquement, ne peut-on pas mieux connaître la
plainte du Christ grâce à l’écoute des victimes ? Force est de constater que cette écoute
transforme l’Église. Car si l’Église a le devoir et les moyens de prendre soin de ses membres
blessés, accueillir leur cri la répare et la rend plus elle-même.
TRANSLATION (approximate)
The Sanctuary of Paray-le-Monial organizes: Conference on 350 years of the apparitions of Jesus in Paray-le-Monial “Repair the irreparable” Villa Aurelia Via Leone XIII, 459 From May 1 to 5, 2024 Rome – Italy
On December 27, 1673, Jesus appeared to Saint Marguerite-Marie and discovered “the wonders of his love and the inexplicable secrets of his sacred Heart, which he had always kept hidden, until he opened it for the first time. Will follow other revelations which will shape the life of the saint, establishing her as a “beloved disciple” of the Sacred Heart, following the beloved disciple of the Gospel of John, and constituting it missionary of these revelations. The main request of Jesus will be the institution of the feast of the Sacred Heart, which became a universal solemnity of the Catholic Church in 1856.
The events of Paray-le-Monial will have a global and lasting impact. We can, without exaggeration, consider that devotion to the Sacred Heart, present on the entire surface of the earth, was born there. The sanctuary of Paray-le-Monial will enter, on December 27, 2023, into the celebration of the jubilee of the 350 years of apparitions. This anniversary will last 1½ years, until the Feast of the Sacred Heart of 2025. On this occasion, the sanctuary wishes to honor its mission of spreading the message of the Sacred Heart by once again organizing an international conference. This will take place at Rome from May 1 to 5, 2024 and will have the theme of repair, under the title: “Repair the irreparable.” Indeed, although this aspect is less known, we can estimate that the events of Paray-le-Monial refer to the spirituality of reparation3. Requirement of institution of the Feast of the Sacred Heart by Jesus, during the “great apparition4” of June 1675, is a request for reparation. The term, absent from the New Testament, appears quite late5 in the history of the Church, part of the movement of conversion and penance induced by the positive response to Christ’s call to follow him. Following the events of Paray-le-Monial, the repair will take a place of choice in the spirituality of the Church, until the great turning point anthropology of the 1970s, where it declined very quickly.
Why take an interest in it again or bring it up to date? The request for repair is central in Paray-le-Monial. It is not possible to hide it without amputating an essential part of the “message”. It therefore returns to the sanctuary of find ways of accessing this request of Christ and to propose a new one news. Furthermore, the question of reparation finds significant relevance in the spheres cultural and social. This resurgence signals a strong anthropological need, to which Christ responded absolutely through his incarnation and his paschal mystery.
Seventeen centuries later, in Paray-le-Monial, he will decisively highlight certain aspects of Salvation, relating to repair. It is important for us to be able to answer this question: the major contribution of the events of Paray-le-Monial, 350 years ago, still has relevance today, where the thirst for repair seems to wake up? Finally, we want to situate this question in the painful current affairs of the Church, namely “the abuse crisis.” The endemic and systemic spread of abuse cries out for reparation . We believe that the words of Jesus to Saint Margaret Mary, as well as their heritage in history, can shed valuable light. The final problem of our conference will therefore be the following: how does the demand for Jesus to repair the indignities done to his Heart, and particularly by consecrated people, can it open paths for the necessary reparation due to victims of abuse in the Church, and particularly by consecrated persons? This obvious fact immediately becomes clear to us: offenses committed against God are irreparable. THE Offenses against victims of abuse are irreparable.
Yet Christ asks for reparation. He himself, he alone, opens and offers a path of repair. Can we therefore compare the “indignities” that Jesus explains as “ingratefulness”, “irreverence”, “sacrileges”, “coldness” and “contempt” with the crimes committed on the victims of abuse? Can we move from Jesus-victim to the victims themselves? How escape from too rapid a spiritualization, negating justice, to perhaps discover a reparation which assumes justice and also exceeds it, responding to the deep thirst of heart ?
How to overcome the suspicion of a morbid perversion of repair for find the expression of greater freedom? Does it make sense to talk about love, about reparation of love, where the dignity of man has been so violently violated, so far from this what can love be? Can spiritual repair make it possible to pronounce a name? on the unspeakable? Does listening to victims offer a new ear to the complaint of Christ? How does this listening reform the Church?
The first moment of our conference will focus on drawing a definition of reparation. from what Saint Marguerite-Marie says about it and what she experiences throughout her life. existence ; also from the Johannine rooting of the events of Paray-le-Monial, the context in which they took place, and their resonance in the history of the Church. The second moment will be theological, in order to situate the need for repair in the work of Christ. Christ assumed this need by bringing about the Redemption. He did everything for salvation of man but did not want to save him without him, opening a place in the inclusive act that he posed, to humanity, called to take part by him, with him and in him, in the act of Salvation.
Furthermore, this need is expressed in many ways in human morals, revealing deep anthropological springs, which relate to the thirst for justice, but seem also exceed it, to touch the deepest depths of the dignity of the person and the human community. This will then lead us to explore the fundamental attitudes of reparation which are consolation, compassion and redamatio (returning love for love), to better touch pointing out how reparation does not only aim at a restoration of charity, but a deepening of what charity is. In the following moment, our journey will focus on one of the paradoxes of repair: it is not possible to make what was not to be, but it is nevertheless possible to fix. The Corps, which was traumatized by the violence of some of its members, sometimes numerous, can be repaired, because what unites it is stronger than what tears it apart. By elsewhere, examples will illustrate how brothers and sisters today repair, through their hearts and hands, the wounded Heart and body of Jesus.
Finally, the last part of the conference will compare Christ and the victims, the Church and the victims. Listening to Christ’s requests helps us better understand how far the need for reparation for victims. But also, reciprocally, can we not know better the complaint of Christ thanks to listening to the victims? It is clear that this listening transforms the Church. Because if the Church has the duty and the means to take care of its members wounded, welcoming their cry repairs it and makes it more of itself.